Solo: A Star Wars Story | Flop annoncé ou bonne surprise ?

Pas facile pour un film Star Wars d’éviter cet acharnement incompréhensible dont il va être victime dès la veille de son avant-première.

Entre ceux qui décrètent que c’est de la ***** avant même sa sortie et les autres qui attendent quand même de visionner quelques vidéos de leurs YouTubeurs préférés pour savoir comment démonter au mieux le film afin de dissuader leur entourage d’aller le voir (sans oublier les traditionnels spoilers), on n’est pas sortis de l’auberge.

Personnellement, j’ai eu la chance d’y aller sans aucun apriori. Et j’en suis sorti agréablement surpris.

Certes, je peux comprendre ceux qui n’ont pas aimé Solo – tout le monde a le droit d’aimer ou de ne pas aimer un film, là n’est pas la question. La question est de comprendre pourquoi chaque film Star Wars, depuis le rachat par Disney, subit cette sempiternelle agression complètement aberrante avant même sa sortie en salles. Cette critique n’aura pas l’ambition d’y répondre. La réponse se trouve sans doute dans un trou noir au milieu d’une galaxie lointaine, très lointaine…

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Solo: A Star Wars Story retrace donc la jeunesse du contrebandier le plus connu de la galaxie, et les principales aventures qui ont fait de lui le Han Solo que Luke et Obi-Wan rencontreront à la cantina de Mos Esley sur Tatooine.

Dès le début du tournage, on avait répandu les pires rumeurs sur l’échec annoncé de Solo acteur principal dépassé par les événements et embourbé dans un rôle qu’il ne maîtrisait pas, production mal négociée, discorde entre Lucasfilm et les réalisateurs, etc. Les renvois de Phil Lord et Christopher Miller, remplacés par Ron Howard, ne firent qu’attiser les braises de la tourmente. Malgré ces difficultés et contre toute attente, Howard réalise un fantastique coup de maître en achevant ce Solo, qui se révèle finalement être une sacrée bonne surprise, tant au niveau de la trame narrative que des acteurs et de l’écriture des personnages.

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Le défi était de taille pour Alden Ehrenreich, qui devait réussir à se mettre complètement dans la peau du personnage incarné par Harrison Ford, l’homme dont le charisme légendaire s’étend jusqu’à la Bordure Extérieure. Force est de constater que Ehrenreich fait un superbe pied de nez à ses détracteurs en incarnant avec fougue et pertinence un Han Solo jeune, qui possède déjà les mêmes mimiques que celui qu’il deviendra plus tard. Il lui aura juste manqué une petite dose d’insolence et d’arrogance supplémentaire pour être parfait. On ne lui en voudra pas, tellement il se montre à la hauteur des plus folles espérances !

La principale force de Solo réside dans le développement de ses personnages, selon moi bien plus réussi que dans Rogue One. Le casting, alléchant, aide beaucoup à ce niveau-là. Woody Harrelson (qui joue Tobias Beckett, le mentor de Han) et Emilia Clarke (Qi’ra, sa première compagne) campent deux personnages énigmatiques à souhait qui leur vont comme un gant. Lando Calrissian, incarné par un Donald Glover pour le moment on fire (son dernier clip vient d’atteindre les 225 millions de vues), s’éclate comme un fou à l’écran, et incarne avec brio le magouilleur le plus classe de la galaxie. Et quel bonheur de découvrir les origines de la relation entre Han et Chewbacca !

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Mais surtout, c’est la construction magistrale de la narration qui est à souligner. Des personnages bien écrits sont évidemment bénéfiques à tout scénario. Mais dans certains cas, cela ne suffit pas. La mission était ardue pour les scénaristes, Lawrence Kasdan et son fils Jonathan : comment écrire une histoire passionnante et dotée d’un minimum de suspense alors que tous les spectateurs savaient d’ores et déjà que les trois personnages principaux (Han, Chewbacca et Lando) s’en tireraient sans une égratignure ?

Tout simplement en développant une histoire captivante remplie de plot twists à gogo qui emmènent constamment le spectateur sur des pistes différentes. Même si la mission principale manque peut-être un peu d’intensité dramatique dans sa construction, les Kasdan compensent en accentuant les enjeux personnels et les relations qui unissent les personnages. Et le résultat est bluffant : on se prend à s’attacher à des personnages dont on ignorait complètement l’existence jusque-là, et même à espérer qu’ils ne meurent pas.

dryden vosDryden Vos, incarné par un Paul Bettany qui fait froid dans le dos

Les « bad guys » sont également très réussis : cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu un méchant aussi menaçant et dangereux que Dryden Vos (par rapport au Général Hux, y a pas photo). Et le grand rival de Beckett, Enfys Nest, bénéficie d’un superbe costume collant parfaitement à son statut de leader des Cloud-Riders, un gang de maraudeurs pirates.

Enfys Nest

Autres (gros) points forts de Solo : les nombreuses références à la saga originelle qui parsèment tout le film et un plot twist final inattendu qui prouve que, malgré ce qu’on aurait pu croire, Disney n’a pas complètement renié l’univers étendu que les fans aiment par-dessus tout.

L’esthétique générale du film est très travaillée : même si la photographie est assez sombre et risque d’en déstabiliser plus d’un, le film propose des plans à couper le souffle. L’un des passages lors du raid de Kessel est tout simplement splendide.

La bande originale, composée par John Powell, est également très réussie. On reprochera cependant à celui-ci de ne pas être parvenu à écrire un thème que l’on fredonnerait dès la sortie du film (ceci dit, le thème de Han composé par John Williams himself est tout de même parfait à écouter durant les heures d’études qui parsèment nos quotidiens d’étudiants).

Solo n’est pour autant pas exempt d’imperfections. Dès l’exposition, le didactisme des dialogues peut faire trembler d’emblée. Heureusement, les scénaristes se rattrapent rapidement avec des échanges mieux écrits, et le spectateur rentre très vite dans le film. D’autres points fonctionnent moins bien : l’explication du nom de famille de Han aurait clairement pu être mieux amenée, le robot de Lando est un clin d’œil aux questions sociétales actuelles mais est sans doute un peu too much (retournez voir Blade Runner 2049 si vous êtes trop déçus à ce niveau-là), et l’humour n’est pas toujours réussi (même si certaines situations sont jubilatoires). Mais ces légers défauts semblent bien minimes par rapport à la qualité globale du film.

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Solo est plus qu’un bon divertissement. Solo est un film ambitieux, riche et réfléchi qui est fait pour être vu et revu. Bref, une réussite. Laissons-lui un peu de temps loin des remous médiatiques pour qu’il soit apprécié à sa juste valeur. Un peu de recul ne lui fera que du bien.

Solo gagnera ses lettres de noblesse plus tard. En attendant, hâtez-vous de quitter cette page, et courez forger votre propre avis en allant le voir !

 

Julien Brasseur

 

Solo: A Star Wars Story – Actuellement au cinéma

Réalisation : Ron Howard
Scénario : Lawrence Kasdan et Jonathan Kasdan, d’après des personnages créés par George Lucas
Avec : Alden Ehrenreich, Woody Harrelson, Emilia Clarke, Donald Glover…
Genre : Action / Science-fiction
Date de sortie : 25 mai 2018

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