Sex Education – Le Coup de cœur de Hanna

1 – Historique de création 

Laurie Nunn

Sex Education est une série britannique mi-comédie, mi-dramatique créée par Laurie Nunn et produit par Eleven et Netflix. La série sort le 11 janvier 2019 et vient tout juste d’être renouvelée pour une troisième saison. On retrouve à la réalisation Kate Herron et Ben Taylor et à la musique Oli Julian. Le casting présent est dans l’ensemble inconnu du grand publique sauf Asa Butterfield qui interprète notre personnage principal Otis Milburn et l’actrice qui joue sa mère dans la série, Gillian Anderson (Jean Milburn). La série en est pour l’instant à deux saisons de 8 épisodes de chacun plus ou moins 50 min.

Sex Education rend hommage de façon très assumée au réalisateur John Hugh et à ses nombreux films sur l’adolescence. Un hommage dans les thématiques mais aussi dans les décors beaucoup plus américains que britanniques (c’est l’une des raisons du pourquoi l’environnement scolaire ressemble plus à un lycée américain qu’à un lycée britannique, pour faire un clin d’œil aux œuvres de Hugh et aussi pour élargir l’audience).

Otis Milburn, jeune adolescent de 16 ans – fils du Dr. Jean Milburn, thérapeute sexuelle et mère divorcée qui enchaine les coups d’un soir – fait sa rentrée au lycée. À l’école, les hormones bouillent et Otis à un problème, il est encore vierge de toute relation et n’arrive pas à se masturber. Et pourtant, c’est lui, le moins expérimenté, qui va se retrouver embarquer dans un plan et va devenir à son tour thérapeute sexuel improvisé pour les étudiants de son lycée. Accompagné de la fille qui lui fait tourner la tête, Maeve et de son meilleur ami gay extravagant et extravertit, Éric.

2 – Décors naturelles et studios

Décors à la fois familiers et idylliques perdu au milieu de nulle part, rend la série inatteignable et pourtant tellement proche du quotidien. Tout ou presque est tourné en Grande Bretagne (Angleterre et Pays de Galles) et plus précisément à Tintern, Llandogo, Brockweir, Caerleon, Ross-on-wye. 

3 – La construction des personnages 

Les personnages sont dans l’ensemble légèrement clichés à mon goût mais les clichés doivent bien leur existence à quelqu’un. Mais ce petit côté cliché n’empêche pas d’apprécier la série à sa juste valeur. De plus, la ligne directrice de la série est intéressante et l’arc dramatique respecté. Bien que les dénouements et intrigues soient très souvent prévisible, le concept de base est ingénieux et bien développé.

Ensuite, le sujet de l’adolescence et de leur vie sexuelle et première expérience là-dedans a été maintes et maintes fois exploré mais jamais avec autant de sincérité ou de bienveillance. Ce qui est un plus très important, pour une fois on ne se retrouve pas face à une série qui regarde l’adolescent comme un enfant bourré d’hormone et stupide. Et la diversité sexuelle présente dans la série est l’un de ses points forts, elle ne stigmatise absolument personne et essaie de comprendre au lieu de bêtement se moquer de ses personnages.

Enfin, l’épisode pilot pose la structure de quasi tous les autres épisodes qui suivront, bien que ce soit le même schéma (comme presque toutes les séries) la série est assez inventive et intéressante pour ne pas tomber dans l’ennui ou dans la répétition inutile. D’un point de vue cinématographique, les premières scènes de chaque épisode commence presque toujours dans l’une des chambres des personnages et nous les présentes tout en posant le problème qui sera par la suite soumis à Otis et Maeve dans la grande majorité des épisodes. De plus, on perçoit une utilisation fréquente de travelling avant sur les personnages principaux et de gros plans qui sont là pour favoriser une empathie quelconque avec eux. 

4 – Les thèmes 

Sex Education explore avec beaucoup de volonté tout un tas de thématiques qui touchent les adolescents mais pas seulement. On retrouve pour ce faire dans la série des sujets tel que ; Le Slut shaming, le tabou de la masturbation, l’homophobie, l’homosexualité, l’identité sexuelle, le traumatisme psychologique, les relations amoureuses, les relations familiales, la pression sociale, les classes sociales, les relations sexuelles, l’école, l’adolescence, le harcèlement, … 

5 – L’épisode pilot 

Le pilot, comme tout bon pilot nous dépeint les caractéristiques des personnages principaux et récurrents de la série avec leurs particularités mais l’ingéniosité de la série est de se concentrer aussi sur les autres personnages secondaires sans dédain et avec le même sérieux et intérêt que les personnages principaux. Ce qui est assez rares dans les séries. 

6 – Un humour typiquement british

Comédie dramatique dans l’air du temps qui ne dénigre pas la sexualité de ces ados en pleine croissance et qui montre toutes les étapes de ce passage de l’enfance à l’adolescence. Le traitement humoristique est très souvent proche de l’absurde bien connu ici en Belgique. On se retrouve face à une sorte de nouvelle version de Skins, un Skins 2.0 et amélioré, où tout est traité avec plus de profondeur et de compréhension (la série a également plus ou moins le même plot que Charlie Bartlett, 2007). Et plus on regarde d’épisodes et plus la mise en phase est facile et s’opère.

La proximité est grande, dû notamment à l’aspect de leur vie les plus intimes auxquelles nous avons accès. Technique scénaristique bien connu, plus on passe de temps avec un personnage, plus on en sait sur lui, son intimité et sa psychologie et plus l’empathie est facile et se créer. Les comédies dramatiques pour adolescents qui tournent autour du sexe sont incroyablement nombreuses mais très et trop souvent clichées, fausses, ou juste arrogantes envers cette période de la vie du genre humain. Mais Sex Education, elle, nous offres l’une de ces comédies dramatiques sans préjugés, sans arrogance, ou sans un quelconque propos moralisateur bien au contraire. Elle explore avec humour souvent malaisant et cringe, ce que peut ressentir un ado de notre époque au moment précis de sa puberté et de son éveil sexuel. 

De plus, certaines scènes sont très proches de notre cinéma belge, introduisant une dose de réalisme magique (par exemple la scène finale de la saison).  Qu’est-ce que le réalisme magique me direz-vous, pour faire court, imaginez que le réalisme est un élastique et le réalisme magique est le fait de tiré et tendre cet élastique de réalité, on reste dans un environnement à priori tout à fait réaliste mais on tend l’élastique jusqu’à être à la frontière entre réalité et surréalisme. 

7 – La saison 2

La saison 2 est sorti il y a très peu de temps et introduit de nouveaux personnages et réutilise des personnages secondaires de la saison 1 en approfondissant leurs vies personnelles. À ne surtout pas manquer.

 

– Hanna, Responsable communication Instagram.