Yéti & Compagnie – Une belle claque !

« Vivant dans un petit village reculé, un jeune et intrépide yéti découvre une créature étrange qui, pensait-il jusque-là, n’existait que dans les contes : un humain ! Si c’est pour lui l’occasion de connaître la célébrité – et de conquérir la fille de ses rêves –, cette nouvelle sème le trouble dans la communauté yéti. Car qui sait les surprises que leur réserve encore le vaste monde ? » (http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=230803.html).

 

Quel bonheur de décider d’aller au cinéma pour l’anniversaire de son filleul, 6 ans, et de se prendre une petite claque face à un film qu’on pensait être seulement enfantin et qui, au final, transporte un véritable message politique, dans une enveloppe d’humour…

Mi-octobre, mon filleul a 6 ans, passionné de cinéma comme marraine, connait notre tradition : on va au cinéma (pour les fêtes, pour les vacances, son anniversaire, etc.). Bref, nous voilà au cinéma devant le panneau d’affiches de films un samedi après-midi ; la décision est rapidement prise, nous irons voir Yéti & Compagnie.

SMALLFOOT

Malgré le titre peu attrayant, ce film fut définitivement une très belle surprise. En lisant le résumé, je me suis dit que c’était sympa d’imaginer une société de Yéti (Big Foot en anglais) qui ne croirait pas en l’existence des hommes (Les petits pieds), ça amenait un côté drôle pour aborder la question de la différence. Je ne m’attendais pas à ce que ce film d’animation transporte d’autres messages aussi importants.

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Bien sûr, j’ai compris ces messages avec mes yeux d’adultes, et je peux affirmer que mon filleul n’aura pas interprété le film de cette manière. C’est là qu’en tant qu’adulte, il nous faut essayer de leur faire comprendre les messages subliminaux qui se dérobent aux yeux des enfants derrière une histoire aux images et chansons esthétiques. A 6 ans, il était un peu jeune pour comprendre les messages très politiques derrière ce film, je me suis contentée de parler de la différence avec lui, mais à l’occasion d’un prochain visionnage, lorsqu’il sera plus grand, nous parlerons de ce qui va suivre.

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Une des premières critiques de ce film est l’accent porté sur l’importance du sensationnalisme dans notre société actuelle, avec l’apport des réseaux sociaux, de l’importance d’avoir un maximum de clics et de vues sur une vidéo, peu importe le contenu.

Nous avons donc un humain, Percy, documentariste animalier. Il tient une chaine et est désespéré de voir que ses vues chutent et qu’il est endetté. Désireux de continuer à mener une belle vie, aisée, et à voyager, il essaye d’intégrer du sensationnalisme dans ses vidéos, en parlant de manière dramatique, telles les voix-off accompagnant les reportages dans les JT de nos jours, en cherchant à fausser les choses par la manipulation d’images, jusqu’au jour où il veut demander à son assistante de se déguiser en yéti pour faire croire qu’il se fait attaquer sur une vidéo. En tant qu’adulte, il est facile de faire la comparaison avec nos médias, les fake news, les youtubeurs, les influenceuses, etc.  N’est-ce pas ?

Personnellement, devant les scènes qui amènent à montrer jusqu’où est prêt à aller Percy pour rembourser ses dettes, je n’ai pu qu’admirer le travail fin des scénaristes de nous montrer à quel point les médias de nos jours se sont dégradés afin de garder la tête hors de l’eau. J’ai particulièrement aimé cette critique d’autant plus que l’éducation aux médias est un sujet qu’on aborde de plus en plus au niveau de l’éducation et qu’aborder ce thème dans un film d’animation est, à mes yeux, un vrai coup d’intelligence, pour que les enfants réalisent, à leur niveau et en fonction de leur âge bien sûr, qu’aujourd’hui, pour garder l’attention d’un auditeur/spectateur, il faut des titres et des images chocs !

Premier point très positif donc à mes yeux. Peut-être certains spectateurs n’auront pas apprécié cet aspect politique du film d’animation, le jugeant trop critique, trop impartial…

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Le deuxième point abordé qui se divise en sous-catégories est une critique du dogme politique des sociétés ! Ouh là là ! Quel sujet compliqué à aborder, comment arriver à le mettre dans un film d’animation ? Kirkpatrick et Reisig le font de manière maligne et pleine d’humour dans ce film. Bien sûr, il faut encore répéter que c’est un message un peu complexe à interpréter pour des enfants mais j’ai tout de même envie de saluer le travail des scénaristes à ce niveau.

Les Yétis obéissent aux pierres de la robe du chef de la tribu. Personne ne sait d’où viennent les pierres, sauf le chef, personne ne doit questionner leur propos, … Une scène emblématique de ce dogme arrive au début du film, lorsque notre protagoniste, Migo, un Yéti, qui explique à une enfant qui se pose des questions, qu’il est dangereux de questionner les choses car ça amène le savoir ! N’est-ce pas significatif ? Ce propos est incroyable et pourtant, devant ce film, nous rions à la scène, alors que le message est extrêmement sérieux et politique. C’est pour cette raison que j’ai particulièrement aimé ce film ; les messages sérieux qu’il transmet avec beaucoup d’humour et des images vraiment belles.

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Bien sûr, dans une telle société, il existe les anarchistes. Attention, j’utilise le terme « anarchie » au sens non péjoratif d’un groupe de personnes rejetant le principe premier d’une société, dans ce cas-ci, les règles des Pierres que seuls les chefs peuvent créer et que tout le monde doit respecter. Un groupe de Yétis, dessinés de manière à rappeler nos Hippies des années 60, et caractérisés par quelques stéréotypes hippies (long cheveux, parler lentement comme sous influence, désireux de paix, etc.). Rejetés par Migo, qui croit fermement en l’ordre des Pierres, ils deviennent ses amis et l’encouragent à prouver que les « petits pieds » existent bel et bien, quoi qu’en dise le chef de la tribu.

Tout le film parle également de tolérance, d’acceptation de la différence et de la reconnaissance de nos erreurs passés (le génocide des Yétis par les hommes dans le passé). Tout a une connotation politique, sociologique ou historique dans ce film et pourtant, à aucun moment, je ne me suis dit que c’était trop ! C’est fait avec finesse et humour, donc ça passe !

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Un dernier point à aborder, comme pour beaucoup de films d’animation, est la musique de ce film ! Nous n’avons pas une bande-son extradiégétique (musique en dehors du récit narratif) mais des personnages qui chantent. J’ai adoré les musiques de ce films !

Ils ont repris Under Pressure de l’incroyable groupe Queen (allez voir Bohemian Rhapsody si ce n’est pas encore fait!) et la mise en scène est hilarante et, de nouveau, à un sens tout particulier dans ce film (écoutez bien les paroles).

Je tiens particulièrement à parler d’une chanson, chantée par le chef de la tribu qui est en fait plus proche du Rap que d’une mélodie de film d’animation ! Et, bien que n’étant pas fan de ce genre, j’ai ADORÉ la chanson ! D’abord, c’est tendance et actuel, beaucoup de jeunes écoutent du Rap donc c’est intéressant de voir que le film d’animation s’y met ! Mais surtout, toute la chanson, avec la mise en scène dans le film au décor vraiment magnifique, aux images envoûtantes, racontent l’allégorie de la caverne de notre bon vieux Platon, et c’est génial !

Je ne m’étendrais pas sur cette allégorie mais je vous invite à vous renseigner si ça vous intéresse (c’est vraiment parlant) mais je me devais de le dire dans cette critique car c’est une scène cruciale du film et que beaucoup de choses sont révélées à travers les images et la musique. Il s’agit d’une scène où le chef, le politique, tente de justifier le dogme mis en place pour la sécurité de tous et le bien de tous (the greater good) !

Bref, je ne peux que vous encourager à découvrir ce film d’animation qui vous surprendra, vous détendra et vous fera réfléchir sur notre société actuelle ! Pour ceux qui l’ont vu, n’hésitez pas à commenter cette critique, pour me contredire ou ajouter des éléments !

Harmonie Maquinay

Trailer : https://www.youtube.com/watch?v=AAmlPaXDafk

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