Good Luck Algeria

Good Luck Algeria

Samir (Sami Bouajila) est un franco-algérien à la tête d’une entreprise produisant des skis “cent pour cent français” dans les montagnes: les skis Duval. Avec son partenaire Stéphane (Franck Gastambide), ils sont sur le point de mettre la clé sous la porte. Désespéré et prêt à tout pour sauver leur entreprise, Samir a une idée folle: représenter l’Algérie aux Jeux Olympiques d’hiver au ski de fond. Manquant d’entraînement et ne parlant pas un mot d’arabe, il se lance dans cette folle aventure, soutenu par son nouveau coach: Stéphane.

Good Luck Algeria de Farid Bentoumi est une comédie de style réaliste inspirée de la vie de Noureddine Bentoumi, frère du réalisateur et ancien skieur professionnel. Farid Bentoumi réalise son premier long métrage après plusieurs courts-métrages dont Brûleurs (2011) et Un métier bien (2015). Séduits par le film, les frères Dardenne décident d’en devenir coproducteurs.

Good Luck Algeria n’en est pas froid ou triste pour autant. Isabelle Dumas, directrice de la photographie, réussit à faire dégager une certaine chaleur de ce film. Les tonalités utilisées permettent de dessiner un contraste entre des personnages bienveillants et des montagnes enneigées environnantes. L’atmosphère du film est comme une sorte de rappel de l’Algérie d’où a émigré le père de Samir (Bouchakor Chakor Djaltia). Bentoumi donne une image plutôt positive voire optimiste à l’immigration et l’intégration, sans en faire trop.

L’utilisation de nombreux gros plans et d’une caméra portée à l’épaule, pénétrant dans l’intimité de Samir, participent à cet effet réaliste à la limite du cinéma documentaire. L’instabilité du cadre, les problèmes de mise au point ou bien encore des plans parfois trop furtifs peuvent en déranger certains. On peut cependant estimer que, dans cette esthétique réaliste, Dumas désire placer le spectateur comme un observateur qui suit le parcours de Samir. Ces effets apportent donc quelque chose de plus naturel, moins contrôlé, voire plus vrai.

En outre, les personnages ne sont pas des images lissées, lointaines, bien au contraire. Le spectateur peut parfois voir de très près des corps s’exercer, transpirer, souffrir. Dans ces gros plans, les moindres cicatrices et rides sont visibles et donnent de l’épaisseur aux personnages auxquels le spectateur finit par s’attacher, car il s’imagine une certaine histoire derrière telle ou telle marque. C’est notamment le cas du père de Samir dont on peut voir, grâce à l’utilisation de très gros plans, le visage marqué par le temps, des yeux remplis de sagesse et de générosité avec un brin de naïveté.

Le choix de Bentoumi de mettre en couple Samir, un franco-algérien, avec le personnage de Bianca (Chiara Mastroianni), une franco-italienne, n’est pas innocent. Cela lui donne la possibilité d’évoquer comment les immigrés peuvent être perçus en fonction de leur pays d’origine. Au-dela de cela, le cinéaste s’intéresse au tiraillement intérieur lié à la double nationalité de ses personnages, à leur questionnement identitaire, voire même à la discrimination dont ils peuvent être victimes.

Au final, ce premier long métrage de Farid Bentoumi traite de questions actuelles telles que l’immigration, le métissage, les frontières, la famille et la valeur du travail de manière plutôt optimiste. Good Luck Algeria n’est pas un drame, mais une comédie actuelle, intelligente et bienveillante.

Tiffany Ghysen

Titre : Good Luck Algeria

Réalisation : Farid Bentoumi

Interprétation : Sami Bouajila, Franck Gastambide, Chiara Mastroianni

Genre : Comédie

Date de sortie : 13 avril 2016