L’Étrange couleur des larmes de ton corps | analyse

L’Étrange couleur des larmes de ton corps

L’Étrange Couleur des Larmes de ton Corps est à la fois le pastiche et l’hommage obsessionnel d’Hélène Cattet et Bruno Forzani pour des films de genre giallo (thriller horrifique italien des années 70) de Dario Argento et Mario Bava et à l’onirisme des narrations déconstruites de David Lynch.

Ce qui distingue le film contemporain de ses modèles dérivés, c’est qu’il s’approprie toute une culture pour mieux la détourner et la déconstruire dans un fétichisme délirant. Si l’on retrouve d’un côté les gants en cuirs, la lame de rasoir, le voyeurisme, la musique sensorielle, le sanguinaire sexuel, et de l’autre, l’onirisme, les récits emboîtés, encadrés, sans logique narrative apparente, c’est davantage pour se réapproprier ces motifs ou codes. Sans entrer dans une logique purement référentielle du cinéma, les réalisateurs proposent une recherche expérimentale autour des limites de la plastique, de la stylistique, et de la narration.

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Tous les éléments esthétiques ou narratifs sont construits autour de l’idée de la confusion, de la perte de repères sensoriels, spatio-temporels, identitaires, du personnage comme du spectateur. Le film est un puzzle impossible à reconstituer, mais dont chaque petite pièce apporte une réflexion sur les frontières formelles et les histoires cinématographiques, tout comme sur certaines thématiques amorcées depuis le point de vue de la femme divinisée.

Le film débute par un mystère, la disparition d’Edwige, la femme de Dan Kristensen tout juste rentré d’un voyage d’affaires. Inquiet, Dan entame une enquête de voisinage, mais il se confronte à un ensemble d’autres histoires étranges qui cohabitent dans l’immeuble où il vit.

Cette mince intrigue amorce l’enquête-analyse autour des lieux, du son, de la narration et de l’image pour mieux découvrir les indices disséminés dans le film d’une énigme qui lie les thématiques profondes avec leur propre confusion, c’est-à-dire leurs fausses pistes.

Les lieux

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Premier mystère, quand Dan veut entrer dans son appartement, la porte est fermée de l’intérieur avec un loquet sans que personne n’y soit présent. L’enfermement étrange annonce déjà le huis-clos angoissant qui se profile dans un immeuble bruxellois de plusieurs étages aux ornements fantastiques d’Art Nouveau. C’est aussi l’idée de l’intrusion d’un étranger (ou de l’étrange) littéralement entre les murs des lieux, puisque les anciennes fondations de l’immeuble raccordent par des couloirs secrets l’ensemble des appartements. L’immeuble devient un dédale labyrinthique créant la perte de repères spatio-temporels chez le spectateur et le personnage. Une confusion qui n’aide pas à résoudre l’énigme, mais qui la définit : Edwige y a disparu sans laisser de traces. Une des manières de créer de la confusion fut de filmer l’appartement de Dan à partir de deux lieux de tournages différents. Ainsi, à aucun moment le spectateur ne peut se rattacher à des éléments tangibles qu’il reconnaîtrait. La maison recèle de nombreux mystères, entre faux-plafonds, couloirs secrets et déco fantastique. Le personnage de Dan s’y perd dans les nombreux escaliers et étages. L’architecture Art Nouveau enferme par ailleurs le personnage dans un univers unique et total, du fantastique mystérieux, à l’instar d’un sub-genre horrifique qu’amorce le film. L’immeuble se transforme alors en maison hantée, moins horrifique que fantasmagorique. Les murs renferment des bruits fantomatiques entre soupirs sexuels et cris de détresse. Ce sont ceux des femmes peintes sur les murs, mais aussi des victimes d’un tueur en série. Des courbes et des ornements colorés liés aux éléments végétaux suggérant une sensualité et un érotisme dans le décor du quotidien. Le lieu de vie sécurisant de Dan, son appartement intime, concret et réel, devient l’espace mystérieux et fantastique de tous les possibles, notamment sexuels puisque sa femme s’y serait adonnée à des plaisirs extraconjugaux, et de la frontière entre le réel disparu et l’onirisme cauchemardesque. C’est aussi l’espace du voyeurisme, car l’intrusion de l’autre dans l’intimité passe par le regard. Un œil observant par un œilleton (une sorte de mise en abîme du regard du cinéaste à travers la caméra) qui explore l’autre jusqu’à littéralement prendre sa place comme lorsque le tueur prend possession du corps de Dan pour y voir depuis l’intérieur. Plus encore, l’observation du détective Vincentelli à travers une vitre sans teint d’une femme que son mari à demandé de surveiller, mais qui éveille une curiosité et un attrait sexuel irrémédiable pour lui envers elle. Le regard amorce l’envie, la curiosité, mais ce pêché finit toujours par mal tourner. Le regard est aussi une manière très efficace de créer de la curiosité chez le spectateur puisqu’il s’agit ici de lui montrer que quelqu’un regarde quelque chose, mais sans dévoiler ce que cet œil regarde. Le hors-champ, le non-vu, exploite la soif de savoir et de voir du spectateur et l’immisce dans une position d’infériorité qui crée à la fois l’étrange mais aussi la peur. Que regarde le tueur ?

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Sexe et meurtre

Sexe et meurtre coexistent indissociablement. C’est tout l’attrait des jeux sadomasochistes ou, plus simplement, le plaisir d’avoir ou de faire du mal. Cette violence n’étant que les préludes du meurtre. Chacune des chambres de l’immeuble semblent renfermer ce même secret, entre la disparition du mari d’une femme alors qu’ils faisaient l’amour après qu’il ait cherché la provenance de certains bruits « excitants », la poursuite d’une femme dont le plaisir masturbatoire est d’être poursuivie par des ombres menaçantes, et les corps que l’on caresse dangereusement d’une arme blanche entre la peau et le cuir jusqu’à trancher pour tuer. L’excitation du jeu sexuel fait partie de l’énigme de la disparition d’Edwige. Est-elle morte ? ou a-t-elle disparu avec son amant ? L’horreur et la confusion se créent entre la jouissance, le saignement, les cris et les pénétrations. Puisque le tueur entièrement vêtu de cuir s’amuse à dépasser la notion de « jeu » lorsqu’il finit par enfoncer violemment sa lame de couteau dans les parties intimes de ses victimes, simulant par-là l’acte sexuel avec conséquence mortelle. Une idée métaphorique qui renvoie justement à cette « étrange couleur des larmes de ton corps », ce sang après l’acte meurtrier qui coule le long des jambes de la victime dans le film, et plus encore, si l’on pousse l’interprétation, cela renvoie aux menstruations de la femme et de la douleur qu’elles provoquent (similaire à une lame que l’on enfonce dans cet organe du plaisir). Par ailleurs, à la fin du film, le titre varie de « couleur » à « douleur » pour titrer subliminalement « L’Étrange douleur des larmes de ton corps ».

Le sang et le sexe sont l’apanage du cinéma de Dario Argento qui en a fait un motif récurrent dans ses nombreux giallo. Pour Cattet et Forzani, c’est l’occasion d’explorer l’inconscient, une nostalgie du passé inhérente aux personnages masculins du film. Dan et la petite boite qui contient des souvenirs comme ancrage du temps passé et qui lui rappelle vraisemblablement Edwige avant qu’elle ne disparaisse. Le détective Vincentelli et sa recherche éternelle de Laura, celle qu’il espionnait et dont il est épris. Le propriétaire de l’immeuble et son souvenir d’une femme qu’il a aimé et sûrement perdu trop tôt. Le dernier étage du bâtiment recèle peut-être de cet ultime souvenir nostalgique de la femme, celle d’une représentation que l’on se fait durant l’enfance, en partie divinisée. Ce sont les apparitions d’une jeune femme à la beauté éblouissante comme l’est cette lumière blanche dans laquelle elle baigne. C’est l’image d’une femme idéalisée, d’un souvenir qui n’existe plus, pour aucun des trois personnages. Dan a perdu Edwige, le détective a perdu Laura, le propriétaire a perdu Barbara. A noter qu’étrangement, ces trois personnages masculins se ressemblent extrêmement fort, tant physiquement que mentalement. Ils sont tous à la recherche d’une femme idéalisée et perdue, mais surtout le personnage de Dan et du détective sont tous les deux joués par un seul et même acteur : Klaus Tange. Encore un moyen supplémentaire de créer de la confusion chez le spectateur. Si l’identité du tueur est inconnue, celle des personnages est tout aussi trouble et confuse. Le personnage de Dan est-il schizophrène ou tout cela n’est-il qu’un rêve ? à nouveau, les indices sont nombreux, mais ils mènent tous au même endroit : nulle part.

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Un cauchemar bien réel

S’il y a bien une enquête, il n’y a par contre pas de véritable résolution à celle-ci. Cette idée évoque le fantastique, le mystère et surtout l’onirisme puisque le film se décline petit à petit en un véritable cauchemar pour le personnage de Dan. Si David Lynch est le roi du cinéma très personnel, surréaliste, mystérieux, expérimental et novateur, Cattet et Forzani ne dérogent pas à cette forte tradition d’influence. L’histoire de L’Étrange couleur des larmes de ton corps développe une trame tout sauf linéaire et conventionnelle. Les récits s’emboîtent et se mêlent et les images évoquent le surréalisme belge plus que jamais.

D’abord, différentes histoires apparaissent dans le récit. Outre l’histoire de Dan, c’est celle de la vieille femme veuve et les souvenirs qu’elle garde de son mari juste avant sa disparition ; c’est le détective et sa mémoire concernant une enquête qu’il a menée sur une mystérieuse femme. Toutes les histoires, bien qu’elles ne font pas avancer concrètement l’enquête de Dan – au contraire, elles l’en éloignent –, ont tout de même une influence discrète sur le réel créant de nouveau la confusion dans l’esprit du spectateur. Par exemple, Dan semble faire un rêve fantasme où il couche avec une femme tandis que son corps est recouvert de bris de verre. Lors de son réveil, son corps est blessé de petites cicatrices causées par des morceaux coupant. Une autre séquence montre Dan se réveiller plusieurs fois de suite alors que la sonnette de son appartement retentit. Là où généralement les films proposent ce retournement de situation pour indiquer que « ceci n’était qu’un rêve du personnage », ici l’utilisation répétée de cet effet questionne sur la perception de l’ensemble du récit. Tout cela n’est-il qu’un rêve ? oui, encore oui, et toujours oui, jusqu’à ne plus jamais savoir où se trouve le réel.

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Ensuite, le surréalisme, ce mouvement artistique qui prône l’expression et la création psychique débarrassée de tout carcan rationnel, n’est que plus présent dans le film. L’apparition non dissimulée de René Magritte (maître du surréalisme belge) via sa silhouette de l’homme au chapeau melon est détourné pour investir le fantasme onirique d’un personnage féminin traqué par l’ombre de ce premier qui essaie de la tuer. Quelques œuvres de Magritte évoquent déjà le thème du meurtre, tel que L’assassin menacé (1927) et qui a dû inspirer les cinéastes dans la multiplication des ombres traquant la victime.

Une esthétique expérimentale

Bien que thématiquement et narrativement tout semble déjà se confondre, l’esthétique de Cattet et Forzani rajoute une couche via l’expérimentation des différents éléments cinématographiques autour de l’image et du son.

Le son à travers l’histoire du film d’horreur ou du thriller a toujours eu une importance capitale. La musique figure une peur qui s’accentue au fur et à mesure que la bande sonore se matérialise. Plus encore, le silence est le vecteur majeur du suspense et de l’anticipation du saisissement horrifique. Si Ennio Morricone composait déjà les bandes sons de nombreux giallo dans les années 1970, nos deux cinéastes ne préfèrent rien inventer. Ils choisissent de s’accaparer ces musiques déjà efficaces à l’époque pour les citer dans leur film contemporain. L’innovation de L’Étrange couleur des larmes de ton corps tient davantage des bruits que de la musique. Même si le montage, d’après ce qu’en disent les deux réalisateurs, a été effectué sur base unique des images, ils semblent avoir accordé une grande importance au son. Chaque élément sonore est travaillé pour renvoyer vers un univers fantastique et angoissant. Les souffles sexués des peintures Art Nouveau de femmes sur les murs, les bruits de verrou, de lames de couteau aiguisées, etc. sont autant de motifs sonores étranges, vifs et suspects pour le spectateur. Le but étant de créer un son sensoriel, par de multiples bruits abscons, qui transporte dans un autre univers. C’est par exemple le cas avec l’utilisation de « basses » qui font littéralement vibrer le spectateur dans son siège. C’est peut-être l’élément le plus tangible du film puisqu’il crée un contact physique entre le spectateur et le film, là où le reste n’est semble-t-il qu’imaginaire et onirisme fantasmé.

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L’image du film est très stylisée. Cattet et Forzani ne lésinent pas sur les effets visuels tel que des vues kaléidoscopiques très colorées autour des motifs particuliers de l’Art Nouveau (encore une manière de suggérer la confusion, par exemple, d’esprit du personnage de Dan). Leur particularité tient plutôt dans ce qui pourrait être ironiquement nommé le montage-rasoir. Un montage au rythme très rapide et saccadé de gros plans et d’inserts. Évitant à tout prix de recréer l’espace contigu des lieux ou du corps des personnages étranges (tel que le tueur et ses victimes), les images se succèdent entre le rasoir menaçant sur le cou d’une victime, une main gantée de cuir, un œil grand ouvert, etc. Pour que chaque détail soit fétichisé mais toujours aussi confus pour le spectateur. De nouveau, via ce montage haché et véloce, la mort et le sexe se côtoient. Les caresses excitantes sur un corps nu à l’aide d’un couteau sont l’objet d’un travail d’orfèvre de la mise en scène et de son montage très précis. Entre l’objet physique et corporel, entre Eros et Thanatos, s’immisce un objet ambigu, entre fonction sexuelle et meurtrière, le rasoir pour caresser puis tuer. Le jeu sexuel, sadomasochiste, vire au meurtre. Des frictions de cuir sur la peau, des soupirs de plaisir féminin, la victime passe à une expression d’angoisse retenue par la main gantée de cuir de l’agresseur étouffant ses cris. Une violence opératoire à la limite de l’érotisme et du pervers qui rend hommage au genre giallo.

La femme « divine »

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Bien que peu mentionnée, la femme tient un rôle considérable dans le film du couple Cattet et Forzani. Si les principaux protagonistes sont masculins (Dan, le détective Vincentelli, le propriétaire), ce sont les femmes et leurs mystères qui détiennent la place centrale de l’œuvre. Leur absence physique tout au long du film émet cette part de mystère et fantastique qui l’englobe. Faire de la figure féminine une considération majeure de son film alors qu’elle ne semble jouer que le rôle de poupée sexuelle (un thème récurrent du giallo) relève presque du miracle. Comment est-ce possible ? peut-être en associant d’une part le pouvoir des femmes à celui de l’Art. Le mouvement artistique de l’Art Nouveau s’est en effet assuré de lier la sensualité de la femme avec celle de la nature pour en faire l’ornement quotidien des bâtisses de la fin du XIXème siècle. Ce sont notamment les soupirs sexuels des peintures de femmes qui intriguent l’homme. Plus encore, leur absence restreint l’homme à les fantasmer ou à plonger dans un univers de méandres, celui d’un monde sans repères, c’est-à-dire sans femme(s). D’autre part, en proposant d’aborder la violence sexuelle de manière esthétisée. Si le film n’est pas un plaidoyer explicite en faveur de la femme, il en donne une représentation a priori victime d’un tueur en série pervers. Selon les vices d’un meurtrier, le corps est mutilé, le sexe est violé. Pourtant, il ne s’agit pas d’un homme mais d’une femme. C’est une manière de retourner la situation pour la révéler. D’ailleurs les victimes semblaient prêtes à s’adonner à des jeux sexuels, mais c’est certain, elles ne s’attendaient pas à finir morte. Il s’agit peut-être aussi d’une manière d’exprimer le fait qu’il ne faut pas toujours se fier aux apparences, de surprendre ou de perdre le spectateur dans des représentations et clichés types auxquels il faisait appel jusqu’à ce que le film vienne les déconstruire petit à petit. Un autre intérêt est de proposer un tueur « féminin ». Une situation hors du commun, puisque les films d’horreurs avec une femme en serial killeuse se comptent sur le doigt d’une main. C’est surtout la suggestion d’une femme dominante, toujours un coup d’avance sur ses victimes qui séduit dans le genre cinématographique du film. La beauté sensuelle des courbes féminines dessinées dans le cuir noir s’allie à l’intelligence morbide d’un esprit clairvoyant mais assassin. La femme hypnotise le spectateur, peut-être est-ce aussi le cas de Dan ?

Un cinéma de la sensation : la confusion comme expérience

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Car si la femme est un mystère tout au long du film, à la fin, l’énigme l’est tout autant. Le spectateur sort alors de la séance décontenancé, emplit d’émotions et de sensations purement cinématographiques qu’il n’avait (peut-être) jamais expérimentées auparavant. La vocation de l’Étrange couleur des larmes de ton corps est de proposer un film qui sort des sentiers battus, à la marge d’Hollywood et ses modèles préfabriqués. En contrepartie, le film offre une expérience sensorielle quasi surréaliste qui passe par le son, l’image, les thématiques et l’histoire, le tout mélangé, pour inscrire le spectateur dans un cinéma nostalgique. Celui de son enfance lorsqu’il voyait un film pour vivre une aventure différente de la sienne, à l’instar des personnages du film qui essaient de retrouver dans la figure féminine une part de leur enfance entre leur innocence et leurs premiers émois. Dan se souvient et idéalise le souvenir de son premier livre porno, du premier vagin qu’il a vu, de sa première envie sexuelle envers une fille, mais aussi de la douleur et de la couleur de ces étranges larmes qui coulaient le long de son corps, et par conséquent, du traumatisme que cela lui a causé. C’est exactement ce type d’expérience et ce type de souvenir là que doit garder le spectateur d’un film comme L’Étrange couleur des larmes de ton corps, bon et mauvais, proche et étrange, intime et confus, nostalgique et traumatique à la fois, avant de se réveiller, encore et encore, inévitablement.

Willems Bertrand