Il Conformista

>> Campus du Solbosch ULB / Bât. A / Salle AZ1.101
>> Gratuit / VOSTFR
>> Jeudi, 17/03/2016 - 18h30

Il Conformista de Bernardo Bertolucci (1972)

Ou tuer le père

Adaptation du roman éponyme d’Alberto Moravia publié en 1951, Le Conformiste de Bernardo Bertolucci tente d’ausculter les possibles explications des adhésions au régime fasciste dans les années 30. Cherchant toujours à établir la création de ressorts psychologiques capables de produire le sentiment de culpabilité et d’anormalité, le cinéaste pense l’homme en tant que somme de ses traumatismes, en tant qu’une réponse à des démons intérieurs irrémissibles.

Après quatre films qui n’ont pas réussi à associer le succès public à la cohésion critique (La comme secca en 1962, Prima della rivoluzione en 1964, Partner en 1968 et La Stratégie de l’araignée en 1970), Bertolucci obtient en 1970 avec Le Conformiste un accueil chaleureux unanime. Le film fut célébré autant pour ses choix esthétiques qui semblent avoir dépassé l’étape préalable d’expérimentations cinématographiques pour acquérir une certaine maturité de la forme, que pour son essence du film qui cherche sans l’affirmer à trouver des raisons qui peuvent rester injustifiables.

Somptueusement interprété par un Jean-Louis Trintignant assoiffé à l’époque pour des rôles qui peuvent casser la perfection de son image d’acteur (celle donnée par exemple par un rôle pareil à celui de Jean-Louis dans Ma nuit chez Maud en 1969), Marcello Clerici se joint au fascisme par conformisme. Il est envoyé en France pour approcher et supprimer son ancien professeur de philosophie antifasciste (Enzo Tarascio), marié à une jeune Anna on ne peut plus séduisante (Dominique Sanda). Parallèlement à cette aventure, le récit trace la vie intime du protagoniste avec sa fiancée, puis femme, Giulia (Stefania Sandrelli). Il nous ramène aussi dans ses souvenirs, nous introduisant à sa famille et à des évènements marquants de son passé, en essayant d’expliquer les origines de la voie qu’a prise la vie de Clerici.

Le Conformiste de Bertolucci ne se suffit pas à ce qui peut, à une première lecture, sembler une analyse psychanalytique à trois francs six sous. Il dresse le portrait d’un Marcello non-maître de lui-même et qui échappe à toute ébauche d’explication. Recourant à l’éloge de la normalité à laquelle il s’oppose, Bertolucci revient encore une fois à ce qui est le plus important dans la figure de son art : « Tuer le père », le vrai certes, mais aussi et surtout le père artistique. Le père de Marcello, son agresseur Lino quand il était enfant, son professeur de philosophie Quadri, le fascisme, mais aussi le père de Bertolucci et ses mentors Pasolini et Godard: les figures paternelles sont multiples, mais le but est unique.

Patrick Tass.

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