Ninotchka

>> Campus du Solbosch ULB / Bât. A / Salle AZ1.101
>> Gratuit / VOSTFR
>> Jeudi, 10/03/2016 - 18H30

Ninotchka d’Ernst Lubitsch (1939)

“Paris, en ces jours heureux où la sirène était synonyme d’une belle femme plutôt que d’une alarme.“

Ainsi s’ouvre Ninotchka, une comédie satirique signée Ernst Lubitsch, sortie en 1939. Les temps sont rudes dans l’Union soviétique, et aux quatre coins du monde des émissaires tentent de vendre au plus offrant les joyaux de la Russie tsariste. Lorsque Iranoff, Bouljanoff et Kopalski débarquent à Paris pour vendre les bijoux de la grande duchesse Swana (Ina Claire) qui y réside en exil, celle-ci envoie son courtisan, le comte français Léon d’Algout (Melvyn Douglas) les récupérer. Face à cet adversaire inattendu et aux plaisirs du capitalisme, les trois russes sont impuissants. L’URSS envoie donc Nina Ivanovna Yakouchova (Greta Garbo) dite Ninotchka, fervente communiste, pour conclure la vente.

Tout oppose Ninotchka et Léon, mais l’alchimie naît entre eux dès la première rencontre. Lorsqu’ils réalisent qu’ils sont en réalité voués à s’affronter, Léon refuse de nier son amour et fera tout pour conquérir le coeur apparemment froid de Nina.

La froideur glacée d’une Garbo au sommet de son art contraste avec la légèreté de vivre qu’incarne Douglas. Très vite, l’on comprend cependant que ce duel cache une attraction réciproque, un érotisme, et une furieuse envie de découvrir l’autre. Alors les masques se brisent, et Garbo rit pour la première fois devant la caméra, brisant le carcan dans lequel l’actrice avait été enfermée depuis le début de sa carrière dans les années 20.

Rythmé par le couple Garbo-Douglas, les répliques fusent, typique d’un cinéma à la Lubitsch déjà éprouvé dans Design for Living (1933) ou The Merry Widow (1934). Sous la pression du code Hays, machine de censure et d’autocensure qui se met en place dans l’Hollywood de l’entre-deux guerres, c’est en effet à travers le langage et l’utilisation d’un humour débridé que Lubitsch crée la surprise, la tension et le rire. La satyre du régime stalinien fait sourire, tout en n’oubliant pas l’impact que le film a pu avoir à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Tout est affaire de contexte.

Mais Ninotchka garde tout son intérêt pour l’oeil contemporain, qui découvrira (ou retrouvera) avec plaisir la grande Garbo dont ce fut l’avant-dernier film sous un autre jour, dans un ravissant Paris des années 30 à la sauce Hollywood.

Kévin Giraud-Yancy

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