Turist (Snow Therapy)

>> Campus du Solbosch ULB / Bât. A / Salle AZ1.101
>> Gratuit / VOSTFR
>> Jeudi, 03/03/2016 - 18H30

Turist de Ruben Östlund (2014)

Une avalanche de bonnes idées

Imaginez un instant…

Vous êtes en vacances. Plus précisément, vous profitez des sports d’hiver. Vous voilà tranquillement installés sur une terrasse avec votre famille, en train de déguster un bon repas. Soudain, une explosion retentit dans la montagne, provoquant une avalanche contrôlée. Mais quelque chose cloche… L’avalanche se rapproche inexorablement et à toute vitesse de l’endroit où vous êtes assis.

Comment réagiriez-vous ? Auriez-vous le réflexe de penser à protéger votre famille ? La réponse semble évidente mais, dans l’urgence, est-il si facile, si évident d’agir pour le bien des gens qu’on aime ?

Cette situation délicate et les interrogations qui en découlent forment la toile de fond du dernier film en date du réalisateur suédois Ruben Östlund, Turist (2014), primé au festival de Cannes dans la section « Un Certain Regard ». Tourné dans la station française Les Arcs, ce long métrage met en scène une famille de touristes ordinaire en proie au doute suite à l’incident de l’avalanche précité. Si ce dernier n’a finalement aucune conséquence matérielle, son impact psychologique sur les parents, Tomas et Ebba, est à l’inverse retentissant.

La caméra d’Östlund filme avec beaucoup de subtilité et d’originalité la descente aux enfers progressive de Tomas, plongé malgré lui dans une introspection dévastatrice. En intérieur comme en extérieur, les plans sont magnifiés pour faire ressortir la solitude et la folie naissante des personnages. Au son d’un leitmotiv menaçant – les premières notes du troisième mouvement de L’Été de Vivaldi –, la station des Arcs devient même un personnage à part entière, véritable actrice à la fois dans le sens filmique du terme ainsi que dans le processus de transformation mentale de Tomas et Ebba.

Jusqu’au bout du récit, Östlund et ses acteurs brillants, dignes héritiers de la tradition bergmanienne (les Scènes de la vie conjugale ne sont pas loin), parviennent à atteindre viscéralement le spectateur et à remettre en question des principes, des valeurs qu’il croyait invariablement acquises.

Laurent Louis-De Wandeleer

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