Paris-Willouby de Quentin Reynaud et Arthur Delaire (FIFB)

Paris-Willouby de Quentin Reynaud et Arthur Delaire

En route mauvaise troupe !

FIFB: compétition internationale

Maurice est professeur de philosophie et vit à Paris avec sa famille. Entre sa femme et leur petite fille, le fils de sa femme, sa fille d’un précédent mariage et son beau-frère, Maurice est entouré d’un joyeux bordel. Tout ce petit groupe va se retrouver embarqué dans un mini-van, direction Willouby, dans la profonde campagne française, où doit être enterré le père de sa femme Claire. Pour leur tout premier long métrage, Quentin Reynauld et Arthur Delaire, dont la jeunesse est proportionnelle au talent, viennent dépoussiérer la comédie française avec un road trip bien maîtrisé.

Si la comédie a toujours été l’un des points forts du cinéma français, cela fait quelque temps qu’à l’exception de rares pépites comme Les combattants (2014), Tip Top (2012) ou encore Maestro (2014), cette dernière s’enfonce dans une lourdeur et une redondance certaine, produisant à la chaine des films vus et revus. Mais bien sûr il reste des exceptions, et Paris-Willouby en fait partie.

Très vite, le film frappe par sa ressemblance avec Little Miss Sunshine. Cette comédie américaine, qui avait enchanté le public et la presse au plus haut point en 2006, est clairement une grande source d’inspiration. Avec une famille chaotique, un oncle déprimé, une petite fille téméraire, un grand-père mort et un mini-van, difficile de ne pas faire le parallèle. Même s’il est vrai que l’impression d’un Little Miss Sunshine “à la française” se fait sentir dans certaines scènes, on se laisse vite convaincre par une atmosphère enlevée et touchante qui donne au film sa singularité.

Il faut dire que les deux réalisateurs font preuve d’une certaine virtuosité en ce qui concerne le scénario et plus particulièrement les dialogues. Tonique et rythmée, chaque réplique se savoure comme une petite friandise acidulée. La route suit son cours et chaque intrigue se développe avec ce qu’il faut d’humour et d’émotion, pour le plus grand plaisir du spectateur.

Une recette réussie en grande partie grâce à une bande d’acteurs dont le plaisir du jeu est extrêmement communicatif. En première ligne, le comédien belge Stéphane de Groodt qu’on avait découvert comme chroniqueur barré sur Canal Plus. Écrivain de génie, son plaisir de la bonne phrase (dont il est généreusement servi tout le long du film) ne manque pas de faire mouche. Il est plaisant de voir cet acteur, encore trop rare au cinéma, porter avec une énergie non feinte le premier rôle d’un premier film. Il est suivi par Alex Lutz, dont la puissance comique n’est plus mise en doute depuis longtemps, et Isabelle Carré. La jeune génération d’acteurs n’est pas en reste, avec des personnages d’adolescents dosés et caricaturés juste comme il faut.

Paris-Willouby est une bonne comédie. Sans vouloir se démarquer par un comique nouveau ou un mélange de genre, le film utilise avec maîtrise tous les outils qui ont fait de la comédie française un genre plébiscité par le public. En abordant avec sincérité et sensibilité le thème de la famille, le faisant naviguer entre rire et émotion, Paris-Willouby touche le spectateur avec justesse. Il serait dommage de se priver de ce plaisir qui allège un peu le cœur et donne le sourire.

Mathilde BELIN

Titre : Paris-Willouby

Réalisation : Quentin Reynaud et Arthur Delaire

Genre : Comédie

Interprétation : Stéphane de Groodt, Isabelle Carré, Alex Lutz