Sicario: Day of the Soldado | Le retour d’Alejandro Gillick et Matt Graver

Pour marquer sa récente sortie en DVD, nous vous proposons une critique de Sicario: Day of the Soldado. Vous avez aimé le premier opus signé Villeneuve ? Vous allez adorer la suite !

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Dans Sicario: Day of the Soldado, Matt Graver (Josh Brolin) fait de nouveau appel au sicario Alejandro (Benicio del Toro) pour enlever Isabela Reyes (Isabela Moner), la fille du baron de l’un des plus gros cartels mexicains. L’objectif ? Déclencher une guerre fratricide entre les différents gangs pour qu’ils s’autodétruisent. Mais la situation dégénère rapidement, et Alejandro et Matt se retrouvent projetés dans une situation plus qu’épineuse.

Toujours écrit par Taylor Sheridan, Sicario 2 est cette fois-ci réalisé par Stefano Sollima (Denis Villeneuve étant trop occupé à travailler sur Premier Contact et Blade Runner 2049), mais reste dans la même veine que le premier opus. Si vous avez aimé Sicario, soyez rassurés : les éléments qui ont fait la recette de son succès sont de retour. Un scénario dur et bien ficelé, des anti-héros atypiques et attachants, de longs plans panoramiques, une musique oppressante, le retour d’une tension omniprésente à laquelle Villeneuve nous avait habitués… Il n’en fallait pas plus pour replonger dans l’atmosphère étouffante de Sicario. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Sollima assure la transition avec panache.

sicario3Josh Brolin incarne un Matt Graver toujours en claquettes mais encore plus glaçant que dans le premier opus…

Dès les premières minutes, Sicario: Day of the Soldado nous prend aux tripes avec des scènes très brutales. Le spectateur se retrouve directement projeté au sein d’un monde où la violence n’est pas accessoire, mais nécessaire. Pas étonnant donc que les thèmes développés dans ce film soient très durs : entre terrorisme, trafic d’êtres humains, enfants destinés à tuer, corruption et secrets d’Etat, Sicario 2 n’épargne au spectateur aucune violence. Attention d’ailleurs à certaines scènes qui peuvent se révéler très choquantes pour les spectateurs les plus fragiles ; ce film est à déconseiller à un jeune public.

sicario4… et son acolyte Benicio del Toro joue à merveille un Alejandro bien plus profond que dans Sicario !

L’héroïne de Sicario, joué par Emily Blunt, a quant à elle disparu, le scénariste préférant se séparer de son personnage. Malgré l’absence de cette dernière, le casting est véritablement le point fort du film : la prestation des 4 acteurs principaux est tout bonnement fantastique. Benicio del Toro livre une prestation incroyable de tueur impitoyable hanté par son passé, Josh Brolin incarne avec perfection un soldat tiraillé entre ce qui lui reste de valeurs, et Isabela Moner et Elijah Rodriguez sont renversants dans des rôles d’enfants dépassés par leur propre destin.

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La nouveauté de Sicario 2, c’est son absence totale de manichéisme : si dans le premier opus la frontière était déjà mince entre les bons et les méchants, elle disparaît complètement dans le deuxième (l’absence d’Emily Blunt aidant). Ici, aucune pitié n’est tolérée : chaque camp sera forcé de réaliser les actes les plus ignobles pour atteindre ses objectifs. Le scénario s’en trouvera boosté, puisque tous les protagonistes défendront leurs intérêts bec et ongles, en prenant parfois des décisions pour le moins… radicales. A cet égard, certains considéreront sans doute la fin du film comme quelque peu tirée par les cheveux ; personnellement, elle m’a agréablement surpris. Le troisième opus s’annonce d’ores et déjà fort attendu !

Mauvaise nouvelle cependant pour ceux qui espéraient voir un film centré sur les règlements de compte entre cartels mexicains : le titre français donné au film (La guerre des cartels), ne semble, après visionnage, pas très approprié. Il est en effet moins question dans Sicario 2 d’une grosse baston entre gangs qu’un conflit géopolitique bien amené. En bref, attendez-vous à un côté légèrement plus House of Cards que Narcos.

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Stefano Sollima signe avec Sicario: Day of the Soldado une suite encore plus sombre que le premier opus, au scénario plus haletant et aux rebondissements encore plus fous que dans Sicario. Villeneuve peut être fier ; lui-même n’aurait pas fait mieux.

 

Julien Brasseur

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