The Sense of an Ending | Une adaptation qui ne déçoit pas

La vie de Tony Webster (Jim Broadbent), un pensionné, seul et aigri, n’a rien de spécial. Divorcé de sa femme (Harriet Walters), qui reste néanmoins sa confidente, et ayant peu de contacts avec sa fille (Michelle Dockery), enceinte de 9 mois, il remplit ses journées en tant que gérant d’un petit magasin de caméras voltaïques. Sa vie change le jour où il hérite de Sarah Ford (Emily Mortimer), la mère de sa première copine, Victoria (Freya Mavor). Elle lui lègue 500 livres et un journal intime ayant appartenu à Adrian Finn, le meilleur ami de fac de Tony. Tony est intrigué par le journal, seulement Victoria (Charlotte Rampling), aussi mystérieuse qu’à leur première rencontre, refuse le de lui donner. Le retour de Victoria dans sa vie va faire resurgir des souvenirs, profondément enfouis. Tony se rend compte qu’il a peut-être plus de regrets qu’il ne le pensait, et que certains mots peuvent avoir des répercussions dramatiques.

deux

« The Sense of an Ending » est basé sur le livre du même nom écrit par Julian Barnes qui reçut en 2011 le Man Booker Price. Julian Barnes donna carte blanche à Ritesh Batra et Nick Payne pour adapter son roman à leur manière. Par conséquent le livre et le film comportent pas mal de différences, mais ce sont justement ces changements qui font que cette adaptation est si réussie.

Contrairement au livre qui est divisé en deux parties, la première abordant les souvenirs de Tony de ses années de facs et la deuxième le temps présent, le film débute avec des bribes de scènes, des images, des sons, qui sont une mise en image des souvenirs de Tony et qui vont peu à peu être développés au fur et à mesure du récit.

Suzie (Michelle Dockery), la fille de Tony, qui dans le livre est mariée et mère de deux enfants, a dans le film fait un bébé toute seule et est enceinte de presque 9 mois. Ce changement permet de développer la relation entre Tony Webster et sa fille plus amplement que dans le livre, et aide à rendre Tony plus ouvert d’esprit.

Charlotte Rampling (actrice prodigieuse qui est la raison pour laquelle j’ai vu ce film), joue à merveille la mystérieuse et froide Victoria. Les échanges entre Veronica et Tony sont plus fréquents dans le livre que dans le film, mais ce choix permet de garder le personnage de Veronica plus mystérieux.

Jim Boardbent réussit à rendre le personnage de Tony Webster bien plus attachant dans le film qu’il ne l’est dans le livre, et à ajouter une touche d’humour à une histoire dramatique à l’origine.

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« The Sense of an Ending » est un film fort touchant par la manière dont il aborde la vieillesse et les souvenirs. Ritesh Barta arrive à rester fidèle à l’ambiance du livre malgré ses libertés artistiques. Son choix de montage parvient à traduire la façon dont notre mémoire fonctionne : d’une manière extraordinairement esthétique, mais également étrangement fidèle, en partant de sons et de flashs de scènes pour petit à petit, telle une peinture, nous révéler l’image complète.  Cette manière de filmer et de construire les souvenirs fait penser aux photos et aux caméras voltaïques du magasin de Tony, des images qui ne peuvent pas dire grand-chose sur l’événement photographié et qui nous laissent libres d’interpréter les souvenirs à notre manière.

Ce film illustre à la perfection comment, plus souvent qu’on ne le pense, nous nous souvenons de l’histoire que nous avons racontée, plutôt que de celle que nous avons vécue.

Audrey Vandecauter

 

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