Snowden d’Oliver Stone | Le parcours d’un homme sous tous les angles

On connaît très bien Oliver stone pour ses films à sujets assez polémique et politique. Cette fois-ci, il nous revient avec Snowden, racontant l’histoire d’Edward Joseph Snowden. L’informaticien consultant américain, ayant travaillé pour la CIA et la NSA, rend public des informations confidentielles le 6 Juin 2013 prouvant que la NSA amassait des métadonnées provenant d’appels téléphoniques, d’appels skypes, de sms, de Facebook, etc. Bien entendu, il est alors inculpé pour “espionnage”, “vol” et “utilisation illégale des biens gouvernementaux”. Après s’être réfugié à Hong Kong, il pu atteindre Moscou où son passeport lui fut enlevé. Résultat des courses, l’homme est apatride et La Russie lui offre un droit de résidence pour trois ans (ce qui ne plait forcément pas au gouvernement américain).

Le film d’Oliver stone raconte alors son parcours, de ses débuts dans l’armée où une fracture du tibia l’empêchera de continuer son service militaire jusqu’à son évasion vers Moscou pour échapper au gouvernement américain. Il met un point d’honneur à nous montrer un homme nationaliste, voulant absolument servir son pays, se transformer et évoluer vers un homme qui oserait le pire pour respecter ses valeurs et mettre en avant la vérité.

Par bien des procédés, Stone nous fait une critique de cette Amérique idéalisée, de ce gouvernement qui « nous veut du bien et nous protège ». Des petits détails comme un pin’s du drapeau américain accroché à la veste du mentor d’Edward Snowden (Nicolas Cage) renforcent l’idée de ce nationalisme. Les deux tests au détecteur de mensonges auxquels l’informaticien doit se soumettre est aussi un bon moyen pour nous faire comprendre  qu’à son premier test la réponse à « Do you think the United State of America is the greatest country in the world ? » est un oui franc pour se transformer en un oui qui ne trompe pas la machine.

La santé de Snowden évolue aussi : d’un jeune homme en pleine santé, on passe à un homme atteint d’épilepsie provoquée par le stress. Tout évolue et se transforme, même Joseph Gordon-Levitt finit par se transformer en Edward Snowden lui-même finissant le discours commencé par l’acteur jouant son rôle. La surprise de le voir renforce encore plus le discours d’un homme qui n’a pas trahi sa nation mais qui s’est fait trahir en quelque sorte par celle-ci. Lui qui était pourvu à un grand poste, fini apatride, rejeté et il sait très bien qu’il ne pourra plus jamais retourner dans ce pays qu’il chérissait tant.

Le réalisateur est dans les détails, une main, des pieds, l’œil sont au moins une fois représentés en gros plan mais pas que, les touches de l’ordinateur, des anciennes machines dans le bureau elles aussi sont mises à l’avant, celle-ci étant la continuité de l’informaticien. Un objet en particulier nous suit pendant tout le film, le rubik’s cube. Il est la pièce centrale sans laquelle la libération des informations ne se serait pas faite. Oliver Stone joue aussi avec les miroirs, les reflets. A de nombreuses reprises, on voit par le biais d’objets réfléchissants : une fenêtre, un verre, un miroir, un écran d’ordinateur. Ce jeu de reflet enferme le personnage dans une forme de bulle secrète, on le guette, on le recherche.

Dans l’hôtel, la caméra se cache, volant les conversations entre Snowden et les journalistes qui veulent l’aider à dévoiler la vérité. L’utilisation de la caméra et surtout sa position est, dans ce film, extrêmement réfléchie. Une scène plus que mémorable ne peut que prouver à quel point la position de la caméra est importante. Lorsque Snowden est appelé dans une salle de réunion,  son patron apparaît sur un écran géant via une conversation vidéo. Tout le poids de l’autorité représenté ici par le leader de la CIA se fait sentir. L’écran prenant un mur complet de la salle met en scène Rhys Ifans se penchant sur Snowden, debout, seul dans la salle de réunion. La caméra est en contre-plongée rendant cette scène encore plus forte. La CIA et surtout le gouvernement américain le regardent et il n’est rien comparé à tout ce pouvoir.

Le seul bémol dans ce film, est la représentation de la technologie. Par exemple, lorsque Snowden copie/colle des éléments secrets vers sa clé USB, on retrouve à l’écran une représentation quelque peu erronée de comment cela devrait se produire. Au lieu de voir une dizaine de fenêtre s’ouvrir pour montrer le téléchargement, tout l’écran est submergé de fenêtres pour montrer à quel point l’urgence est présente, le temps compte. Cependant, cette exagération ne rend pas honneur au film et à l’idée d’un génie informatique.

Malgré ce bémol dans l’exactitude de l’objet informatique, ce film est très bien pensé. Le travail esthétique reste à souligner tant son efficacité est forte. L’utilisation de la caméra et des détails renforce le discours du film. Ajoutez à tout cela des acteurs crédibles et plus particulièrement une belle performance de Gordon Lewitt qui est définitivement un caméléon au cinéma. Oliver Stone nous offre l’histoire de Snowden littéralement sous tous les angles possibles.

Hanoulia Salame

Titre : Snowden

Réalisateur : Oliver Stone

Date de sortie : 02/11/2016 – actuellement au cinéma

Avec : Joseph Gordon-Levitt, Shailene Woodley, Melissa Leo

Genres : Thriller, Biopic