Compte-rendu | Festival Millenium

Compte rendu de la conférence de presse

Ouverture de la neuvième édition du festival du film documentaire Millenium

« Yes, we can »

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11:00. Nous débarquons au Cinéma des Galeries, à Bruxelles. Nous nous rendons au deuxième étage où aura lieu la conférence.

Petite anecdote : depuis le début, un homme est assis, un peu caché, à l’écart de la masse à côté de la porte d’entrée de la salle de cinéma. L’attaché de presse, Olivier Biron, questionne les invités et ses collègues sur l’éventuel retard du réalisateur David Leloup au visage inconnu. Interpellé, l’homme à l’écart de tout ce petit monde se présente alors comme tel.

11:15. La conférence de presse commence par d’amples remerciements aux personnes présentes avant que les organisateurs, dont certains sont eux-mêmes cinéastes, nous dessinent un bref historique du festival. Celui-ci en est à sa neuvième édition, et signera sans doute, grâce notamment au soutien des Nations Unies, un nouveau panel d’environs dix-sept éditions. Aussi, les organisateurs nous annoncent le message du festival: « nous sommes tous des décideurs ». Ce constat serait particulièrement vrai à l’ère digitale dans laquelle nous vivons. A travers sa sélection, le festival souhaite en effet stimuler la responsabilité de chacun, éveiller nos consciences en tant que décideurs, loin de la connotation négative de ce terme. Les documentaires de Millenium inviteraient à adopter un autre point de vue sur le monde.

C’est ensuite au tour de Pierre Haels, directeur adjoint des Nations Unies à Bruxelles, de perdre la parole. Il cite Ban Ki-Moon selon lequel le documentaire est un excellent outil pour parler au cœur des gens et qui facilite une vue plus nuancée. Il attire ensuite l’attention sur la capacité du festival à incorporer des films indépendants et de laisser place à des rencontres. Enfin, il félicite le travail de l’équipe Millenium pour la logique activiste dans laquelle il s’inscrit. Grâce à cette logique, le documentaire devient un moyen de pression gouvernementale. Il nous signale également qu’à 14h00 aura lieu la projection en avant-première de « L’homme qui… » du (plus) mystérieux Leloup.

La directrice artistique du festival et programmatrice, Zlatina Rousseva, enchaîne en contant le rêve de Lubomir Gueorguiev, président du festival. Métaphoriquement, organiser un festival comme celui-ci s’apparenterait à faire tenir des assiettes sur une table inclinée. Ensuite, elle nous dévoile quelque peu la programmation : le film « Life Is sacred » ouvrira officiellement les portes du festival le 18 mars à Bozar. Le réalisateur clôt ainsi sa trilogie par le portrait d’un politicien intègre, espèce rare de nos jours. Ainsi, « Life Is sacred » serait la quintessence du festival.

Cette programmation fut, à en croire Zlatina, une tâche difficile, la sélection se jouant entre septante de huit cents films. Parmi les choix, on retrouvera notamment « A Familiy Affair », et « Syrian Love Story » qui s’est fait remarquer aussi bien au BAFTA qu’au European Film Festival. Une catégorie particulière sera allouée à onze films nationaux sous l’appellation « Jeunes talents belges ». Mais comme d’habitude, l’accent sera entre autres mis sur la découverte.

Nous visionnons ensuite quelques extraits de films cités précédemment (« Alisa in Warland », « Pain métallique » et « Life is sacred »).

Les intervenants soulignent que les films de la compétition sont moins de fictions, des œuvres plus personnelles. « Lampedusa » aborde le problème de l’émigration de façon plus personnelle,  « Above and below » traite de l’exclusion de l’ « Autre » tout en nous questionnant nous-mêmes, idem pour « Ghostland » qui narre l’aventure dans notre monde d’une tribu de la forêt vierge, ou encore « Queen of Silence » sur la création d’un univers onirique comme échappatoire. A côté, nous retrouverons des films comme « Travailleuses du monde » qui, en soutien avec la CSC, se questionne sur le travail qui nous distingue au moment où tout semble basculer au profit de machines, de robots.

Le festival, dans un but initiatique, a prévu une programmation spéciale avec un jury de jeunes volontaires.

Ensuite, la catégorie « web documentaries » propose huit films qui s’attardent sur l’usage des new medias. Parmi ceux-ci notons « Detrac », qui avec 500 000 spectateurs, rencontre un succès énorme en se penchant sur la problématique de la manipulation de notre image sur le web. Dans la même visée, le film « L’Homme qui voulait détruire le secret bancaire » (A Leak in Paradise), dévoile les impacts après les magouilles du secret bancaire. Enfin, avec « A Good American » le spectateur est immergé au sein de la lutte des données.

Zlatina nous sollicite pour participer plus activement dans le cadre du festival en visitant d’une part l’atelier new media de Matthieu Lietaert qui vise à apprendre en 48 heures comment notamment utiliser le web, et d’autre part la master class donnée par Sean McAllister, enfant terrible du documentaire britannique. L’auteur de « Liberace of Bagdad » présente le métier de documentariste dans un atelier au titre programmatique « La vie solitaire du documentariste ».

En partenariat avec Cinergie, le festival nous dévoile d’autres extraits (« Ghostland », « Limbo » et « Above and Below »). La rédactrice en chef de Cinergie, Dimitra Bouras, nourrissait en effet l’envie de montrer des documentaires qui ont du mal à passer le cap du grand public par les conditions de création modestes. La rubrique « Jeunes talents belges » ainsi que des tables rondes ont pour objectif de palier à ce problème et proposer des clés d’accès aux nouveaux espoirs. Le spectateur y retrouvera notamment « All the time » narrant le parcours d’une famille canadienne qui désire affronter un mode de vie alternatif, plus rustique sur une période infinie. « Dépression » nous emmène au cœur de l’expérience douloureuse de la maladie de notre siècle par un personnage ambivalent qui est à la fois médecin et patient.

Les responsables repassent aux remerciements en n’oubliant pas de féliciter les volontaires et stagiaires pour les exploits accomplis avant d’énumérer leurs partenaires.

Un temps est alors consacré à des questions-réponses avec le public. En effet, la programmation actuelle contient moins de films que les années précédentes et ce dans un souci de visibilité. Dans cette même logique, le festival a opté pour la concentration de ces derniers dans un nombre plus restreint de lieux. Quelqu’un fait également remarquer que le jury s’ancre dans un esprit multinational, comprenant entre autres un producteur grec et un critique bulgare. Le jury remettant le prix du public est par contre composé de volontaires extérieurs au secteur cinématographique.

Pour plus de détails, Zlatina et Olivier nous renvoient au dossier de presse et reprécisent que les accréditations de presse passent par le formulaire sur le site du festival (festivalmillenium.org/). Afin d’amplifier les réjouissances, le programme complet est disponible dès à présent.

12:30. Fin de la conférence et invitation à discuter lors d’un petit verre avant de passer voir à 14:00, le long-métrage « L’Homme qui voulait détruire le secret bancaire » (A Leak in Paradise) du « mystérieux » David Leloup au Cinéma Aventure.

Mara Kupka

Festival Millenium
Festival International du Film Documentaire
du 18 au 27 mars 2016 à Bruxelles